Actualité :

Simulation à haut degré de réalisme en Médecine interventionnelle

 

Simulation à haut degré de réalisme en Médecine interventionnelle, un nouveau modèle utilisant un corps reperfusé et reventilé

 

LE PROJET

Sous l’impulsion de l’équipe de l’ABSlab a été initié dès 2011 un travail de recherche pour la mise au point d’une technique innovante d’enseignement de la médecine interventionnelle par simulation. Ainsi est né le dispositif Simlife mannequin humanoïde à très haut degré de réalisme utilisant des corps associés à un dispositif de circulation pulsatile et un dispositif de ventilation. Les capacités d’adaptation hémodynamiques ou ventilatoires permettent de mimer des situations hyper réalistes de bloc opératoire..

 

LE CONTEXTE

 Jusqu’à maintenant, la formation pratique en France se fait par compagnonnage dans les services et au bloc opératoire. Le traditionnel: « je vois », « je fais sous le contrôle d’un senior » puis «je fais en autonomie totale » sur le patient est de moins en moins applicable en pratique. En effet ce type de formation a l’inconvénient d’être chronophage pour l’enseignant et l’établissement hospitalier, et de moins en moins accepté par les patients qui souhaite être opéré par le praticien qu’il rencontre en consultation. C’est pourquoi des recommandations nationales ont été élaborées avec la consigne : « jamais sur le patient la première fois ». Ajoutons à cela les nouvelles modalités de l’internat diminuant la présence de l’interne au chevet du malade et au bloc opératoire, faisant que de nouvelles modalités d’enseignement pratique s’imposent.

Cet enseignement pratique devant se faire en dehors du bloc opératoire les internes devront avoir une formation chirurgicale « préclinique » par simulation. Cette formation doit être structurée et peut intégrer plusieurs méthodes de simulation, que ce soit sur simulateur informatisé ou non, sur modèle animal ou humain.

Le Centre de Simulation Multidisciplinaire au sein de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Poitiers permet de mettre à disposition aux apprenants en santé de l’UP mais aussi au-delà de notre région tous les moyens actuellement disponibles pour l’enseignement par simulation. Le modèle Simlife étant même une exclusivité de l’UP.

Bloc 5

LE MODELE

L’ABS lab a développé un modèle d’apprentissage et d’évaluation basé sur un cadavre re-vascularisé et re-ventilé permettant un enseignement « préclinique » des techniques chirurgicales aussi bien par voie ouverte que par vidéochirurgie. Ce modèle dynamique permet un apprentissage et une évaluation de l’acquisition de compétence des apprenants et est pertinent comme outil d’évaluation pour la certification.

 

LA METHODE

Le modèle Simlife est préparé à partir d’un corps ayant fait l’objet d’un don du corps à la science et pouvant être utilisé pour la chirurgie par voie ouverte ou miniinvasive.

Le cahier des charges concernant la réalisation de ce modèle cadavérique humain est basé sur 2 impératifs :

  • Technique :  avec la revascularisation par un liquide mimant le sang permettant une circulation artérielle pulsatile et une turgescence veineuse, associée à une coloration et une température réalistes des organes. Elle comprend aussi un système de ventilation reproduisant les mouvements de la cage thoracique et du diaphragme afin d’augmenter encore le réalisme du modèle.
  • De capacité d’adaptation : selon le scénario et les aléas des procédures (éventuelle hémorragie par exemple) le modèle doit pouvoir répondre de manière la plus physiologique possible permettant une immersion la plus complète possible dans une atmosphère de bloc opératoire.


LES UTILISATIONS

Simlife est actuellement utilisé pour la formation des techniques ouvertes et miniinvasives

  • Ecole francophone de prélèvement multi organes
  • Chirurgie gynécologique
  • Chirurgie bariatrique
  • Chirurgie thoracique et cardiaque
  • Chirurgie urologique
  • Chirurgie orthopédique
  • Chirurgie du rachis
  • … de nouvelles applications vont s’ajouter dans les mois à venir

SimLife représente un modèle d’enseignement à haut degré de réalisme, à intégrer dans l’arsenal pédagogique disponible pour la formation des chirurgiens aussi bien pour le travail d’acquisition de performance individuelle qu’une évaluation de savoir être en équipe.

 

 

 

Les étapes du projet « SimLife »

Cette 1ère étape a consisté à définir des groupes de travail de spécialités chirurgicales différentes composés de Chirurgiens seniors de centres différents ayant une reconnaissance nationale dans leur domaine de spécialité. Chaque groupe de travail devait être accompagné par un enseignant formé à la simulation et d’enseignants d’Anatomie impliqués dans les Centres de Don du Corps et garants de l’éthique de ce projet. L’initiative a toujours reçu un accueil favorable ou très favorable par les collèges de spécialité :

  • Académie Nationale de Chirurgie
  • Collège Médical Français des Professeurs d’Anatomie
  • Responsables de Centres de Don du corps (C.D.C.)

De nombreux C.D.C., Écoles de Chirurgie, Centre de Simulation ont par ailleurs confirmé leur participation au projet :

  • Reims
  • Paris
  • Nice
  • Nancy
  • Dijon
  • Tours
  • Limoges
  • Bordeaux
  • etc.

D’autres étant prêts à intégrer le réseau.

Cette 2ème étape a porté sur l’ harmonisation des différents scénarii, les procédures et les rendus des différents groupes de travail. Les principes de la technique du groupe nominal ont été retenus mobilisant un animateur et un nombre défini d’experts par scénario chirurgical. Les échanges ont été faits en utilisant les technologies numériques.

Cette étape a consisté à évaluer, en condition pédagogique réelle, le scénario et l’échelle d’évaluation élaboré par chaque groupe de travail réalisé sur le modèle « SimLife », avec des apprenants. L’objectif était d’appréhender la pertinence et la validité du travail. Le groupe Prélèvement Multi-organe (P.M.O.) a organisé cette session de formation en juin 2017 à l’A.B.S. Lab de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Poitiers. 12 modèles SimLife ont été évalués par 48 apprenants dont :

  • internes en fin de cursus
  • chefs de clinique-assistants
  • jeunes chirurgiens
  • séniors

Le réalisme du modèle et la satisfaction des apprenants a été évalué à 8.8 sur une échelle de Likert qui va de 0 à 10.

Ces nouvelles étapes, qui débutent, sont destinées à :

  • développer et créer un logiciel spécifique « SimLife débriefing » pour faciliter le débriefing, pour l’apprenant et l’enseignant et ainsi réduire les coûts humains
  • numériser l’ensemble des scénarii afin qu’ils soient téléchargeables

Autres

De Sim Life à P4P :

En 2013, l’équipe de l’ABS lab, en collaboration avec l’EFPMO, a réfléchi à améliorer le réalisme des modèles d’enseignement par simulation pour la médecine interventionnelle et la chirurgie plus spécifiquement.

De ce travail commun est né un dispositif appelé SimLife.

Ce dispositif comprend une « machine » qui permet  de faire circuler un liquide mimant le sang dans les vaisseaux d’un corps issu du don du corps à la science et de simuler la ventilation pulmonaire.

Après 2 ans d’essais et de tests, les premières formations ont eu lieu, permettant de corriger certains défauts du modèle et de faire émerger des possibilités de formations pour de nombreuses spécialités chirurgicales et cela que ce soit en chirurgie ouverte ou vidéo-assistée.

Depuis ses débuts, plusieurs centaines de chirurgiens ont bénéficié de formations avec ce modèle unique en Europe. Il existe deux équipes Américaines qui proposent un modèle proche de Simlife mais la qualité de circulation des corps semble moins performante puisque lors d’un test grandeur nature en novembre 2018 : l’armée Allemande a choisi le modèle Simlife pour la formation des chirurgiens militaires plutôt que les modèles Nord-Américains.

Fort de ces succès et grâce au soutien de la région Nouvelle Aquitaine, il s’est avéré nécessaire de déposer un brevet sur ce modèle prenant le nom de P4P pour « Pulse for Practice ».

Le brevet international en poche, l’équipe de l’ABS lab a été cornaquée pour développer une star up adossée au laboratoire Symedis. Le but est de commercialiser le dispositif et tout son environnement.


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